Elle reprit la pomme et la rangea près de la première. Elle les salua alors avec respect et poursuivit sa route, s’enfonçant de nouveau au sein de la forêt. Son pas se fit légèrement plus pressant, sa curiosité se demandant quelles seraient les dernières Valeurs qui l’attendaient. Autour d’elle, elle pouvait entendre des bruits indistincts et pourtant mélodieux, comme le tintement argentin de clochettes lointaines. Il lui semblait également percevoir de légers rires enfantins. Les arbres défilèrent au rythme de sa marche jusqu’à s’ouvrir sur une autre clairière. Comme pour les deux précédentes, deux silhouettes s’y trouvaient.

 

Celle de gauche avait une fleur dorée peinte sur son Masque d’un blanc ivoire, une fleur scintillant discrètement à la lueur orangée du ciel automnal. Sa toge était tout aussi claire, avec des motifs d’un doré semblable, plus abstraits, tout en courbes et en arrondis. Celle de droite portait un Masque d’un gris clair presque blanc. Dessus, une ligne d’un gris perle, comme tracée par un pinceau élégant, serpentait lentement et de manière aléatoire pour esquiver un astre noir qui la poursuivait. Sa toge était de la même couleur que la ligne, et des volutes de fumée sombre dansaient sur le bas, comme si c’étaient des motifs animés de manière surnaturelle à même le tissu.

 

Le masque à la fleur dorée salua de la main l’enchanteresse, élevant une voix d’une infinie douceur.

 

"Je suis la Clémence. Bien que célébrée, il est difficile de m’obtenir. Je suis mère de la Paix, sœur du Pardon et enfant des conflits intérieurs et extérieurs. Je suis là à chaque discussion difficile entre un offenseur et un offensé. Je suis là à chacun de vos pleurs et de vos durs jugements envers vous-même. J’attends que l’on me voit. J’attends que l’on m’entende. Approche, fille des hommes."

 

Le masque gris inclina la tête, se mettant à parler à voix basse, avec un ton d’une timidité tempérée.

 

"Je suis la Prudence. En excès, je freine les ambitions. Trop peu, et certains s’en brûlent les ailes. J’invite à prendre du recul, à voir les choses dans un plus grand ensemble. J’illumine les possibles, les chemins auxquels on n’aurait pas forcément pensé. En excès, je vous fais trembler et oublier d’agir. Trop peu, et vous voilà à omettre les leçons du passé. Je suis sœur de la Nécessité. Avec moi, la Dryade saura davantage observer et attendre. Elle saura davantage réfléchir et se préserver."

 

L’autre silhouette reprit.

 

"Tandis qu’avec moi, elle saura se pardonner d’avoir été manipulée et elle saura être plus clémente avec son entourage. Fais ton Choix, fille des hommes."

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