L'Exode


Chapitre 1


Extrait du Journal de Daniel Melnos

 

Je me souviens encore aujourd'hui... Quand je regardais à travers la baie d'observation du Chrysaor encore jeune, tout juste quinze ans. Je me souviendrais toujours de cette vision, irréelle, de cet espace infini, du vide spatial. C'était la première fois que je le voyais.

 

Au loin, la silhouette de notre planète s'éloignait petit à petit alors que le vaisseau avançait... Vers notre salut, notre perte, je n'aurai pas su le dire à ce moment-là.

 

Mon père avait le privilège d'être mécanicien sur le plus grand vaisseau de cette flotte coloniale, le Chrysaor. Cela faisait depuis trois ans que ma mère avait disparu dans l'espace, en tant que capitaine de vaisseau. Et cela en faisait cinq que nous attendions ce jour.

 

Lorsque les autorités avaient annoncé la découverte d'une nouvelle planète, ma mère n'avait pas hésité à nous inscrire pour faire parti des colons lorsque l'occasion s'est présentée. Elle aurait sans doute aimé pouvoir être là...

 

C'est donc sous la bannière d'Alkonost que des milliers de gens se sont réunis. Alkonost, notre future patrie. Son nom était dans toutes les discussions, dans tous les regards, il était symbole de toute espérance. Pour moi, gosse comme j'étais, il était synonyme de paradis.

 

Il est toujours extraordinaire de s'imaginer tant de gens provenant de planètes et d'horizons différents réunis en un seul endroit, désormais unis par une même identité, devenant un peuple à part entière. En tout cas, c'était l'atmosphère qui régnait à ce moment-là.

 

Les liens se tissaient, le départ avait provoqué une grande effervescence. Personne n'avait peur d'aller voir son voisin, les langues se déliaient, tous étaient encore des inconnus entre eux et il restait tant à découvrir jusqu'à l'arrivée... Je me souviens encore de cet homme qui parlait à mon père, un agriculteur semblait il.

 

Cinq jours, voilà ce que cela a duré. Jusqu'au premier saut. Une technologie encore imparfaite, mal maîtrisée. Nous étions encore à l'époque où les navires se perdent à la moindre tempête.

 

Nous n'étions qu'un rafiot de bois envoyé dans la brume.

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